lundi 8 juin 2009

Analogie...

Plusieurs jours déjà que ces mots tournent dans ma tête, je ne veux pas y penser, comme pour exorciser ce qu’ils signifient je m’y refuse, je me bat contre eux et exclue de les voir s’afficher sur mon écran pour me libérer l’esprit, comme si je pouvais avoir une quelconque prise sur le temps, comme si je pouvais arrêter la roue de tourner en ne la regardant pas, non les jeux ne sont pas fait, pourquoi ça n’irait plus…

La vie me fait penser à une sortie VTT.

On sort de son lit comme on sort du giron maternel, protégé que l’on était par la couette bien chaude et par les bras de Morphée. Ici, deux écoles, les lèves tôt et les couches tard, on dit souvent que l’heure de la naissance donne une idée du groupe auquel on appartiendra. Peut-être.

S’ensuit, après une rapide toilette, le petit déjeuner, le premier repas de la journée, il y en aura d’autres sur le circuit. Là encore, deux écoles, ceux qui avaleront juste un café et ceux qui dévoreront tout ce qui traîne et sur les ravitaillement ce sera pareil.

Vient ensuite l’inscription, on étudie le circuit comme on se trace un parcours scolaire puis professionnel, en fonction de ses envies et de ses ambitions, selon que l’on roule seul ou avec des copains, voire en club.

En passant on regarde les spads des autres riders. Il y a ceux qui ont le dernier carbone full option, la Rolls avec la Rolex qui va avec, enfin le cardio qui va bien, ceux qui chevaucheront un Décat’ et ceux enfin qui enfourcheront la dernière promo Carrouf du mois. On ne part pas tous égaux dans la course, c’est sûr. Mais chacun y trouvera son plaisir, son effort, ses récompenses et des difficultés, des hauts et des bas.

Enfin les premiers tours de pédales, difficiles, un peu, mais bien vite les jambes se rappellent du mouvement, les muscles se réchauffent et le rythme s’accélère pour arriver à sa vitesse de croisière. Les montées et les descentes s’enchaînent ainsi que les longues lignes droites et les singles techniques et trialisants.

Que l’on fasse partie d’un groupe d’amis ou d’un club, ou que l’on roule en solitaire, on est seul sur son vélo, personne pour pédaler à sa place, mais il arrive quelquefois, souvent, parfois à plusieurs reprises, que l’on rencontre quelqu’un sur le chemin, quelqu’un avec qui on apprécie tout particulièrement de rouler, quelqu’un qui va trouver agréable les mêmes paysages que soi, quelqu’un avec qui on va rire des mêmes choses, quelqu’un avec qui les côtes paraissent moins longues et moins raides, avec qui les descentes sont plus vertigineuses.

Les montures et leurs cavaliers sont mis à rude épreuve, pour certains la sortie est un long fleuve tranquille sans problèmes mécaniques ni physiques, pour d’autres encore quelques crevaisons ou coups de barre émaillent les étapes sans grosses conséquences au final, pour d’autres enfin, les pannes sont plus sévères, les défaillances plus sérieuses, il faut mettre pied à terre ou pire encore.

Il n’est jamais facile de voir un coureur s’arrêter. Lorsqu’il s’agît d’anciens, de vieux de la vieille qui ont connu les vrais boyaux, le mono plateau à trois pignons on est triste mais on se réconforte en se disant qu’ils ont bien roulé, qu’ils en ont bien profité.

Mais quand celui ou celle qui s’arrête est jeune, qu’il ou elle n’a pas eu la chance de profiter du parcours en entier, des ravitaillements, des descentes vertigineuses et des paysages à couper le souffle, des sprints entre copains, de toutes ces petites choses qui font qu’une sortie est belle, de l’autre enfin, de l’autre surtout, l’autre qui se retrouve seul à nouveau à pédaler, même si tous ses amis sont là autour de lui, alors on se dit que la vie est mal faîte, que la nature est injuste, on se dit qu’on est bien impuissant nous les fiers à bras, nous qui criions et riions sur nos vélos, qu’on est bien maladroits, bien en peine de soulager un peu notre ami et bien tristes aussi.

Aujourd’hui l’une d’entre nous s’est arrêtée sur le bord du chemin et c’est dur de continuer d’avancer, c’est dur de ne pas pouvoir supporter un peu de la peine de notre copain.

Aujourd’hui elle nous manque, nous qui la connaissions encore si peu et qui n’auront pas la chance de la connaître mieux.

Aujourd’hui il fallait que j’écrive ces mots que je bannissais jusqu’alors, les jeux sont fait, rien ne va plus.

2 commentaires:

Rico a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Rico a dit…

Merci mon Fafa , c' est dans un moment très difficile comme celui que nous traversons , que nous avons besoin d' avoir des AMIS , et vous êtes là ...je trouve ton texte très poignant , et très beau en même temps .
Comme tu l' écris , il est toujours très difficile de laisser quelqu' un sur " le bord de la route " , mais c ' est encore plus difficile quand ce " quelqu' un " est de la famille ....personne ne mérite de s' arrêter aussi tôt alors que la " randonnée " venait tout juste de commencer pour ELLE.

Tu l' as écris , nous ne partons pas tous égaux dans la vie , et dès notre naissance " les jeux sont fait" , et mal fait des fois ..........